Le salon… de Clamart

Le salon de Clamart était le symbole d’une hospitalité élégante autant qu’intelligente, toujours imprégnée de la légendaire gentillesse créole et d’une joyeuse vitalité tropicale.

On y évoquait l’actualité parisienne ou mondiale, en évitant d’éventuels choix politiques personnels.
On réfléchissait sur les problèmes coloniaux et interraciaux, sur la place croissante prise par les hommes et les femmes de couleur dans la vie française.
On s’alarmait de toute manifestation de racisme pour aller la combattre ailleurs, avec des moyens appropriés.

 

Une dominante féminine réglait le ton et les rites de ces après-midi conviviaux, à l’opposé d’un cercle corporatif ou d’un club masculin.


La conversation, assez naturellement, se déroulait en anglais.
Seul le thé à l’anglaise coupait ses rencontres qui ne dépassaient pas l’heure du dîner.

Alternant avec le piano, lectures et récitations des poèmes antillais de Daniel THALY ou de Gilbert GRATIANT, écrits en créole, apportaient un intermède littéraire.
Il arrivait aussi qu’il se formât une chorale improvisée pour déchiffrer Spirituals ou Blues noirs américains.
Une bibliothèque faisait voisiner les nouveautés des librairies parisiennes avec les œuvres de René MARAN, Prix Goncourt en 1921, et d’autres contributeurs de la REVUE DU MONDE NOIR.

 

Un dernier trait souligne le caractère familial de ces dimanches de Clamart

La coexistence des générations, entre Paulette, l’aînée, et Andrée, la benjamine.
Les Sœurs NARDAL avaient une personnalité qui mêlait hérédité africaine, éducation familiale, culture créole, formation universitaire et chic parisien.

Elles avaient aussi une telle allure que, dans Paris, on se retournait sur leur passage, conscients d’avoir croisé des êtres exceptionnels.

Extraits
par Louis Thomas ACHILLE
Cousin germain des Sœurs NARDAL
Professeur Agrégé d’anglais
Co-fondateur de la REVUE DU MONDE NOIR

 
 
 
 

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© Catherine MARCELINE,
Avocate, auteure et conférencière, membre du Club Soroptimist de Fort de France Alizés-Sud.