Louise Achille épouse Nardal, sa mère
16 mars 2018Paul NARDAL
1864-1960 (Père de Paulette NARDAL)
Paul NARDAL est le premier noir après l’abolition de l’esclavage à obtenir une bourse pour les ARTS ET MÉTIERS dont il sortira diplômé : il devient le premier ingénieur noir.
L’histoire familiale dit que Victor SCHOELCHER, lui-même, lui aurait écrit une lettre pour le féliciter de son parcours, lettre qu’il a conservée précieusement, refusant de l’envoyer aux Archives Françaises afin qu’elle ne soit pas endommagée durant la traversée en mer.
La lettre est malheureusement partie en fumée dans l’incendie de la maison familiale de la rue Schœlcher à Fort de France, dans la nuit du 20 au 21 décembre 1956.
Premier ingénieur en travaux publics à la Martinique, Paul NARDAL fera sa carrière au Service Colonial des Travaux Publics durant 45 ans.
Plusieurs de ses ouvrages sont connus et encore visibles :
– Le Pont Absalon
– Le Réservoir de l’Evêché
Paul NARDAL a également réalisé une partie de l’Eglise de Ducos, partiellement détruite après un cyclone.
Paul NARDAL terminera sa carrière en tant que Chef du Service des Eaux et Assainissements.
Paul NARDAL a également enseigné les mathématiques et la physique, formant des générations d’ingénieurs martiniquais.
Tellement convaincu de l’importance de l’éducation pour les jeunes, Paul NARDAL a même enseigné un temps en refusant d’être rémunéré.
Certains enfants auraient reçu le prénom de « Nardal », leurs parents souhaitant remercier et rendre hommage à cet homme particulièrement respecté…. mais aussi, ajouta l’un de ses anciens élèves, lors de ses funérailles, « dans l’espoir que leurs enfants auraient un avenir comparable ».
Paul NARDAL était un homme qui inspirait le respect et était connu pour sa droiture.
C’était également un homme très ouvert et particulièrement progressiste en matière d’éducation.
Il dira d’ailleurs plus tard à ses filles : « Je n’ai rien d’autre à vous donner qu’une maison. Il est de votre devoir de travailler comme sept garçons ».
Il n’aura donc aucun mal à les voir partir faire des études, ce qui était assez exceptionnel pour l’époque.
Paulette NARDAL, sa fille aînée, dira de lui qu’il était le « Noir le plus important de l’île ».
Les mots respect et humanité sont ceux qui reviennent le plus souvent à la lecture des témoignages sur cet homme.
C’était également un homme d’une très grande bonté.
Annie RAMIN, sa petite fille (la dernière de ses petits enfants), se souvient de la façon bienveillante qu’il avait de saluer des soldats sénégalais, restés en Martinique durant la Seconde Guerre Mondiale et qui étaient mis à l’écart par la population locale, en demandant aux enfants de la famille de faire de même.
Il était aussi un musicien accompli, un flûtiste, qui chantait très souvent des airs d’opéra, de sa voix de baryton, et déclamait des poèmes dans la maison familiale de la rue Schœlcher et auparavant dans celle de Saint – Pierre.
Paul NARDAL reçut plusieurs décorations, Les Palmes Académiques et la Légion d’Honneur.
Une rue porte son nom, longeant le Parc Floral Aimé Césaire et la Place José Marti pour se terminer à la Croix Mission, à Fort de France.
A ses funérailles, un cortège important, allant de l’actuelle Place Paulette NARDAL à la Cathédrale, accompagnait la famille.
PAUL & LOUISE NARDAL
Paul et Louise NARDAL n’avaient pas seulement une conception du service et du don de soi, c’étaient également des personnes extrêmement cultivées.
Ils lisaient ensemble et s’informaient de tout.
Le couple tenait salon dans leur maison de la rue Schœlcher et recevait des personnalités d’un peu partout de la Caraïbe.
Paulette dira « Nous étions baignés dans la culture….J’étais toujours entourée de jeunes qui s’intéressaient à l’art, mes parents organisaient des concerts et animaient des stages de musique…. merci à nos parents, nous étions plongés dans une ambiance de foi et de beauté intérieure ».
C’est dans le salon de la maison familiale de la rue Schœlcher que Paulette, ses sœurs Jeanne, Andrée et les autres, se sont ouvertes à ces échanges cosmopolites qu’elles reproduiront dans leur appartement de Clamart quelques années plus tard.
Photographie du pont Absalon.
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© Catherine MARCELINE,
Avocate, auteure et conférencière, membre du Club Soroptimist de Fort de France Alizés-Sud.