Christiane EDA-PIERRE, sa nièce
12 mars 2018Manuela RAMIN-OSMUNDSSEN sa petite-nièce
14 mars 2018Yves GOUSSARD
1928 – mars 1945 (disparu au camp de BERGEN- BELSEN)
(Neveu de Paulette NARDAL)
Le jeune Yves a 10 ans quand on l’envoie poursuivre sa scolarité à Paris.
Sa mère Lucy est un peu dépassée par ce garçon à l’intelligence fulgurante mais aussi très turbulent, se faisant renvoyer régulièrement des établissements scolaires qu’il fréquentait.
Yves est envoyé en internat à Paris et chez ses cousins, les Achille, branche de sa grand-mère, Louise.
Quand la guerre éclate, sa famille n’a pas le temps de le faire rapatrier, d’autant que les esprits sont encore sous le choc de ce qui est arrivé à Paulette, toujours entre la vie et la mort dans un hôpital de Plymouth.
Tout d’abord scout, activité très vite interdite par les Allemands occupant Paris, Yves rejoint ensuite les Forces Françaises Libres en mentant sur son âge.
Alors qu’il n’a pas 16 ans, il part dans le maquis et devient membre du réseau « Armand Spiritualist » dirigé par le Commandant Charles Hildevert, puis un agent de liaison et de renseignements.
Il est blessé puis soigné, notamment par une jeune infirmière de 20 ans, Jeanne LEFEBVRE, qui participera aux cérémonies d’hommage qui lui seront consacrées plus tard.
Enfermé en prison, Yves est ensuite déporté en Allemagne dans le Camp de Bergen-Belsen.
Ce camp est celui dans lequel est morte Anne FRANCK.
Simone VEIL est également passée par ce camp.
Yves GOUSSARD contracte le typhus : il est très jeune et extrêmement faible.
L’histoire est racontée par la suite à sa famille par le Député de Seine-et-Oise et Maire de Gagny, Raymond VALENET, son camarade de camp.
Yves est très faible car il ne s’alimente que très peu : à chaque fois que les Allemands lui amènent son repas, il crie « Mort aux Bochs ! » et ces derniers lui reprennent alors son repas.
C’est son ami de camp, Raymond VALENET, qui dira comment il partageait son repas avec Yves mais que, celui-ci étant encore adolescent et n’ayant pas terminé sa croissance, il ne résistera pas aux infections et contractera le typhus.
L’histoire se poursuit encore… Les Allemands menaient des expériences abominables dans les camps et expérimentaient toutes sortent de substances et notamment des vaccins sur les prisonniers.
Un jour, ils ont voulu essayer l’un de leurs vaccins, prétendument censé guérir du typhus, sur un homme mais, celui-ci étant père de famille, Yves s’est interposé pour recevoir le vaccin à sa place.
Yves mourra des suites de la maladie contractée ou du produit inoculé, nul ne le saura précisément… Un mois avant la libération du camp.
Pendant 20 ans, sa mère Lucie le cherchera en vain, en écrivant partout.
Un jour, alors qu’il est en voyage officiel à la Martinique, le Député VALENET demande s’il existe une famille NARDAL et s’il peut parler à une Dame Lucie NARDAL.
En mourant dans ses bras, Yves lui avait fait promettre de raconter à sa mère ce qui lui était arrivé.
Annie RAMIN, sa nièce, se souvient de ce jour où, après avoir appris la mort de son fils, Lucie est montée immédiatement dans son appartement de la maison familiale de la Rue Schœlcher et en est redescendue vêtue de noir.
Une rue porte aujourd’hui son nom, à la sortie de la Rocade en rentrant à Fort de France.
Yves GOUSSARD est le plus jeune résistant déporté de France mort en camp de concentration : on doit à l’infatigable Monsieur François CARTIGNY d’avoir obtenu ce titre pour lui ainsi que la carte de résistant qui le formalise.
Un décret présidentiel l’a consacré en 2008 et il est le dernier à avoir eu ce titre.
Yves GOUSSARD a reçu également la Croix de Combattant Volontaire de la Résistance et la Médaille de la Résistance.
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© Catherine MARCELINE,
Avocate, auteure et conférencière, membre du Club Soroptimist de Fort de France Alizés-Sud.